Bree – porte Ouest.
Le soleil venait de disparaître derrière les collines de Brandes et l’obscurité allait bientôt recouvrir le pays de Bree.
Portefaix attendait. Il avait l’air renfrogné. Sa hache à deux mains était sortie, la lame posée sur le sol, les mains jointes sur le haut du manche.
Nul n’aurait voulu lui demander de bouger.
De cette posture guerrière, il regardait venir Maitre Buco. Hobbit aux allures de félin. Celui-ci descendait la rue, tout en mangeant une petite collation, en direction de Portefaix.
Ces deux compères avaient manifestement rendez vous.
Après quelques échanges courtois, ils virent la troisième personne de l’expédition arriver vers eux. Il m’attendait, moi, Thorhom des Monts de Fer, le nain aux 13 tresses.
Bien qu’heureux de nous rejoindre, nous ne semblions guère a l’aise. On pouvait lire sur nos visages une certaine inquiétude. Et pour cause.
Cette nuit était la nuit où nous devions nous enfoncer dans les galgals.
Je ne m’attarderai pas ici sur les rumeurs qui courent sur les galgals, chacun d’entre nous a ouï dans sa jeunesse ces histoires à faire blêmir un orque du Mordor.
Mais nous étions tous trois décidés.
Un rapide coup d’œil aux uns et aux autres aurait pu vous dire que les équipements étaient prêts,
La hache de Portefaix lançait dans la nuit de doux reflets tant ses tranchants étaient affutés.
Mon armure regorgeait de rivets fraichement posés.
Quant au sac à dos de Maitre Buco, on pouvait y sentir une alléchante odeur de poulet frit.
Chacun à notre manière, nous nous étions préparés.
L’heure du départ était venue.
Nous chevauchâmes tous trois, côte à côte en direction de l’ouest. Puis bifurquâmes vers le sud jusqu'à la passe des Galgals.
Là, nous démontions et décidâmes d’y laisser nos montures.
Portefaix prépara sa hache, Buco, sortit son arc, tout en mangeant une pomme. Quant à moi, je m’assurai du parfait serrage des sangles de mon Armure.
Nous nous enfonçâmes dans la passe.
Après plusieurs minutes de marche, l’atmosphère devint pesante, une étrange brume nous enveloppa doucement, et puis, il y avait cette étrange impression ; Comme si 1000 yeux étaient braqués sur nous.
Soudain, deux yeux jaunes jaillirent du brouillard, un Barghest aussi gros d’un loup fit irruption des volutes de brume. Mon regard croisa celui de Portefaix et sans mot dire, nous nous comprîmes.
Nous serrâmes les rangs pour protéger Le hobbit. Cependant, il en fallait visiblement plus pour impressionner notre Chasseur.
Il ne lui fallut qu’une seule seconde pour ajuster son tir. La flèche passa entre Portefaix et moi, sifflant dans nos oreilles. Le barghest fut fauché en plein saut, la flèche de Buco en plein cœur.
Surprenant petit hobbit. Les flèches de ce petit chasseur étaient aussi vives que précises. Un allié précieux pour les deux guerriers nains.
Et c’est sous les cris de guerres nains, au son des «
Khazad Aï-menu » ou des «
Baruk Khazad » que nous nous frayâmes un chemin dans les Galgals.
Moults coups ennemis furent déviés par mon écu, de nombreux adversaires furent fauchés par la hache de Portefaix et d’innombrables flèches meurtrières furent tirées par Buco.
C’est ainsi que nous visitâmes les galgals du Nord, aux noms aussi terrifiants que Taradan, Ringdor, Haudh Methernil et Haudh Nogbenh.
Nous y rencontrâmes des araignées grosses comme des ours, des êtres spectraux vaporeux ou d’étranges humanoïdes aux formes boursoufflées et bouffies.
Nulle faille dans notre courage, nulle faiblesse dans nos coups; nos ennemis tombaient un à un.
Nous fîmes ensuite une halte Au perchoir de l’homme mort. Un nom étrange pour un endroit tout aussi sordide.
Une femme « Grande gens » en pleurs se jeta aux pieds de mes compères. Elle implora Portefaix et Buco de l’écouter.
Cette dame était à la recherche des ses deux fils, qui, d’après elle, étaient certainement égarés dans les sud Galgals.
Émus par cette histoire touchante, nous nous mîmes en route en direction du col sud.
Après une marche éreintante, nous fîmes une pause en haut du plus haut sommet et restâmes ébahis par le spectacle qui s’ouvrait sous nos yeux.
Là en contre bas, s’ouvrait à perte de vue une lande de rochers et de tertres. On pouvait parfois y apercevoir barghests, Rats géants, et squelettes.
Un spectacle à vous glacer le sang et qui ne nous inspirait aucunement confiance.
Alors que nous envisagions de nous remettre en route, le regard de Portefaix fut attiré par une étrange construction. Un cercle de pierres dressées vers le ciel.
Par le seul accès, nous pouvions y apercevoir deux squelettes penchés au dessus d’un cadavre d’Homme.
Aussitôt, nous nous remémorâmes les paroles de la pauvre mère en pleurs.
Sans demander notre reste, Portefaix et moi chargeâmes les deux squelettes cloués sur place par les flèches de Buco.
Le combat fut acharné, mais galvanisés par notre mission, nous prîmes rapidement le dessus.
A l’issue du combat, Portefaix inspecta l’homme au sol. Il était jeune et ressemblait beaucoup à la description donnée. Mon compère nain récupéra sur le jeune homme un journal.
Buco quant à lui, attendait à l’entrée du cercle, l’œil aux aguets et une pomme à la bouche.
A la lecture de la première page, nos doutes furent confirmés, il s’agissait bien d’un des deux fils. Mais que faisait ce pauvre imbécile, armé d’une simple dague, sans armure, dans les Galgals ? Pauvre fou !!!
Abattus par cette sinistre découverte, nous reprîmes la direction du perchoir de l’homme mort. Portefaix se fit le porteur de mauvais augure.
La femme s'effondra lorsqu’elle comprit la mauvaise nouvelle, mais ne perdit pas espoir de retrouver son second fils.
Portefaix était las, Buco affamé et moi légèrement commotionné d’un méchant coup sur la tête.
Nous décidâmes de faire un feu, et de nous reposer quelque temps. Mon ami le hobbit fit griller de belles saucisses aux herbes. Et c’est sur cette douce odeur que je m’endormis enroulé dans ma cape
Le lendemain, nous ne nous sentions guère le courage de retourner dans les galgals Sud, nous nous séparions, nous devions vaquer a nos propres occupations.